vendredi 30 janvier 2009

"Comment le web change le monde" (1/2)


Un jour ce livre est apparu dans ma boîte aux lettres, dans une belle enveloppe renforcée mousse, affranchie en courrier prioritaire (6 euros). C’était un samedi printanier, le 24 mai 2008. Je l’ai reçu en cadeau comme 230 blogueurs du net qui l'ont simplement demandé.

J'étais alors un récent (mais régulier) lecteur du blog de Francis Pisani, Transnets. L'un des deux auteurs de ce bouquin. Il annonçait cette généreuse distribution dans son billet du 25 avril 2008 en esquissant la contrepartie souhaitée:
"Dans cette économie qui se cherche, une contrepartie honorable pourrait être que ceux et celles qui le reçoivent en parlent sur leur blog… pour en dire exactement ce qu’ils en pensent."

Ce billet est probablement le dernier parmi les blogs invités à parler de "Comment le web change le monde" (hiérarchie de mon agenda oblige). J'espère qu'il ne sera pas le moins bon (je n'ai chaussé mes bottes de 7li.eu que tout récemment, et le temps qu'elles prennent la forme de mes grands pied fougueux...).

Voici donc, en toute futilité :
- Les phrases fortes ou drôles
- J’ai aimé /moins aimé, petite synthèse critique
- Les idées principales (2e billet)

Les phrases fortes ou drôles
• "Nous sommes tous des webacteurs" (p.47)

• "C’est terrible, je sais tellement de choses – dans les moindres détails - sur les amis qui sont sur les mêmes réseaux que moi que nous n’avons plus rien à nous dire quand nous nous retrouvons. Je sais déjà tout ce qu’ils font. Ils m’ennuient." Mary Hodder (p.50)

• "Dès lors que nos données sont hébergées dans «les nuages», se pose la question de l’accès. L’économiste et essayiste américain Jeremy Rifkin l’avait annoncé, en prédisant l’arrivée de l’âge de l’accès". (p.70)

• "Digg.com ou la beauté du vote" (p.93)

• "Tout est divers, la puissance du nouveau désordre digital" David Weinberger (1) (p.95)

• "Les systèmes de tags sont ambigus par nature. Les arbres sont bien organisés, les tas de feuilles sont du fouillis." David Weinberger (2) (p.96)

• "Getty Images, la plus puissante agence d’images du monde, a racheté iStockPhoto début 2006 pour 50 millions de dollars en alléguant que, quitte à se faire cannibaliser par la concurrence, autant que ce soit une affaire interne." (p.109)

• "le chemin conduisant le plus sûrement à l’intelligence passe par la bêtise massive" Stewart Brand (p.124)

• "[Andrew] Keen présente les individus lambda qui s’expriment sur le web, vous et nous, comme des singes (dont les lois du hasard prétendent qu’ils pourraient écrire un roman s’ils tapaient assez longtemps sur une machine à écrire)." (p.129)

• "Autre exemple, le site de gestion de fonds mutualisés Marketocracy.com. Plutôt que d’embaucher, à prix d’or, quelques dizaines d’experts pour analyser tous les flux d’informations et prendre les bonnes décisions d’investissement, le site demande à 70'000 petits investisseurs de gérer des portefeuilles virtuels. Il prend ses décisions d’investissement en analysant et en agrégeant les décisions de ses milliers d’experts amateurs. Il est plus performant que tous les indices de référence. Et ses coûts sont évidemment minimes." (p.197)

• "[Google] a gagné une compétition de traduction automatique du chinois à l’anglais et de l’arabe à l’anglais organisée par Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence du Pentagone pour la recherche. Or, aucun spécialiste du chinois ou de l’arabe ne travaille sur ce projet. Ils n’ont même pas de nouveaux algorithmes. Ils ont simplement plus de données. Ce qui ne marche pas quand les bases de données ont des millions de mots marche vraiment bien quand elles en ont des milliards." Tim O’Reilly (p.239)

• "... depuis un nombre croissant de lieux et de situations, nous pouvons avoir accès à un monde d’informations et de loisirs bientôt aussi riche (ou plus) et infiniment plus cool que celui que nous avions devant nos ordinateurs et nos télés." (p.241)

J’ai aimé
- une candeur toute américaine
- un livre foisonnant
- des solides visions d’avenir
- l’écriture en binôme invisible

J’ai moins aimé
- une candeur toute américaine
- le concept du livre en 3 parties, en étapes, d’aujourd’hui vers le futur
- les redites du chapitre 8

Petite synthèse critique
Pisani-Piotet entrent dans la littérature "à quatre mains", après Deleuze-Guattari («L’Anti-Œdipe - Capitalisme et schizophrénie», «Mille Plateaux - Capitalisme et schizophrénie 2») et Hardt-Negri («Empire»), entre autres. Ces prédécesseurs, qui semblent d’autant plus brillants que leurs livres sont anciens (allez savoir pourquoi), sont d’ailleurs cités dans "Comment le web change le monde". Le bouquin décrit les phénomènes du web "participatif" de façon pragmatique, franche et fraîche. C'est à saluer.
Il ne parle (presque) pas des dérives du web comme bric-à-brac mondial, supermarché du sexe, du surplus d’images et de vidéos de mauvaise qualité, de tout l’inutile qu’on cherche à nous vendre, non, et ce n’est peut-être pas le sujet. Mais le propos de Pisani-Piotet, en étant souvent très factuel, frise parfois la naïveté d'une carte météo, et certains paragraphes risquent de vieillir plus rapidement que d’autres. Le style du livre hésite entre le polycopié de cours universitaire et la frénésie philosophique pénétrée des temps à venir. En balançant plus nettement du côté de celle-ci, le livre aurait pu me passionner sur toute la longueur et faire œuvre de vérité littéraire. Permettez-moi enfin, en modeste alchimiste, de formuler un autre titre : «Comment le monde change le web – la multitude des alchimies».

3 commentaires:

  1. J'aime bien "la multitude des alchimies..." je m'en servirai. Merci

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  2. Jolie formule cette "multitude des alchimies". Je m'en servirai... avec votre permission. Merci

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  3. Servez-vous, c'est un honneur.

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